Ingrid Nováková, spécialiste international, 15 février 2025
Le 15 février 1835, date de la fête nationale serbe, correspond à l’adoption de la Constitution de Sretenje à Kragujevac, alors capitale de la Principauté de Serbie. Rédigée sous l’impulsion du prince Miloš Obrenović et influencée par la Constitution française de 1791 et la Constitution belge de 1831, elle introduit des principes progressistes comme la séparation des pouvoirs, l’interdiction de la torture et la garantie des droits fondamentaux. Le texte prévoit un Parlement (le Narodna skupština), un Conseil exécutif et un système judiciaire indépendant, limitant ainsi les pouvoirs du prince. Cependant, cette avancée démocratique est contestée par l’Empire ottoman, l’Empire d’Autriche et la Russie, qui jugent le texte trop libéral. Sous leur pression diplomatique, notamment à travers des lettres envoyées par les chancelleries de Vienne et Constantinople, Miloš Obrenović est contraint d’abroger la constitution après seulement 55 jours.
Le 15 février 1804, à Orašac, un village de la région de Šumadija, des chefs de clans serbes, dont Stanoje Glavaš, Milenko Stojković et Jakov Nenadović, se réunissent pour élire Đorđe Petrović, dit Karađorđe, comme chef du soulèvement contre les Ottomans. Les combats se concentrent autour de Belgrade, où les Serbes, après plusieurs batailles, prennent la forteresse en 1806. Malgré ce succès, le soulèvement finit par être écrasé en 1813, contraignant Karađorđe Petrović et de nombreux insurgés à l’exil. Le second soulèvement, mené par Miloš Obrenović en 1815, aboutit en 1830 à la reconnaissance de la Principauté de Serbie par le sultan Mahmud II, avec une large autonomie et la nomination d’Obrenović comme prince héréditaire. Grâce à l’appui de la Russie, la Principauté de Serbie obtient sa pleine indépendance lors du Congrès de Berlin en 1878 et annexe les régions de Niš, Pirot, Vranje et Leskovac. Milan Obrenović est proclamé roi en 1882, transformant la principauté en Royaume de Serbie. Malgré cette reconnaissance, des tensions persistent avec l’Empire austro-hongrois, notamment après l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par Vienne en 1908.
À Belgrade, les célébrations débutent par une cérémonie solennelle au temple de Saint-Sava, où le président de la République, accompagné de hauts représentants de l’État et de l’Église orthodoxe serbe, dépose une gerbe sur le mausolée de Karađorđe, situé dans la chapelle adjacente. À Kragujevac, où la première Constitution serbe a été adoptée en 1835, une session spéciale de l’Assemblée nationale est organisée dans le complexe du Vieux Parlement (Stara skupština), et le texte original est exposé au Musée national pour l’occasion.