Céline Arétin, responsable des sujets culturels, féminins et relatifs à l'écologie, 16 février 2025
Sainte Julienne de Nicomédie, martyrisée sous Dioclétien vers 304, était la fille d'Africanus, un riche magistrat païen de Nicomédie (aujourd'hui İzmit, Turquie). Promise en mariage au préfet romain Evilase, elle refusa de l'épouser tant qu'il ne renonçait pas aux idoles païennes, déclarant : "Je préfère être fiancée au Christ que de partager la couche d’un idolâtre." Furieux, Evilase la fit jeter en prison, où elle subit des tortures. On la frappa avec des verges jusqu'à ce que sa peau soit en lambeaux, on l'attacha à des crochets de fer qui lacérèrent son dos, puis on l’aspergea d’huile bouillante. Une nuit, une apparition du diable, sous la forme d'un ange, tenta de la convaincre de renier Dieu, mais elle reconnut la ruse et le repoussa en priant. Le lendemain, on la suspendit par les cheveux, puis on la plonga dans du plomb en fusion, mais elle en ressortit indemne. Finalement, elle fut condamnée à la décapitation.
La fête de Sainte Julienne de Nicomédie est célébrée le 16 février dans l’Église catholique et orthodoxe. En France, notamment en Normandie et en Bretagne, les femmes enceintes priaient Sainte Julienne pour avoir un accouchement sans complications. Une autre croyance populaire voulait que réciter trois Ave Maria en son honneur le soir du 15 février protège contre les cauchemars et les mauvais esprits.
Sainte Julienne de Nicomédie a été officiellement reconnue comme martyre et sainte par l’Église catholique et l’Église orthodoxe dès les premiers siècles du christianisme. Son nom figure dans la Legenda Aurea de Jacques de Voragine, un recueil hagiographique du XIIIe siècle. Son martyr a également été mentionné dans les premiers martyrologes chrétiens, notamment le Martyrologe romain, où elle est inscrite au 16 février. Plusieurs églises lui ont été dédiées, comme l’église Sainte-Julienne à Bologne, qui conserve une partie de son crâne. En 1599, le pape Clément VIII confirma officiellement son culte en approuvant la célébration de sa fête liturgique.
Dans l’iconographie chrétienne, elle est souvent représentée tenant une chaîne, symbole de sa lutte contre le diable, ou un chaudron de plomb, rappelant l’un de ses supplices. À Bruges, un vitrail du XVe siècle dans l’église Saint-Sauveur illustre son martyre, avec la scène où elle est suspendue par les cheveux et battue par ses bourreaux.