30 Janvier : fête de Sainte Martine

fête de Sainte Martine

Céline Arétin, responsable des sujets culturels, féminins et relatifs à l'écologie, 30 Janvier 2025

Qui était Sainte Martine ?

Sainte Martine était une martyre romaine du IIIe siècle. Issue d'une famille noble, elle aurait refusé d'abjurer sa foi chrétienne sous le règne de l'empereur Alexandre Sévère (222-235). Selon la tradition, elle subit de nombreux supplices, notamment la flagellation, l'exposition aux bêtes sauvages et la torture par le feu, avant d'être finalement décapitée. Son culte fut promu par le pape Urbain VIII, qui fit restaurer l'église Saint-Luc-et-Sainte-Martine à Rome en son honneur en 1635

Célébrations et traditions populaires

Chaque 30 janvier, une messe solennelle est célébrée dans l’église Saint-Luc-et-Sainte-Martine, près du Forum romain, où ses reliques furent retrouvées en 1634. Cette messe, souvent présidée par un cardinal, est suivie d’une procession où les fidèles portent des bougies bénies et récitent des prières en latin. À Palombara Sabina, un village près de Rome, une statue de Sainte Martine est portée en procession jusqu’à la place principale, où une distribution de pains bénis a lieu. En France, des villages comme Bussy-Saint-Martin et Saint-Martin-d’Abbat célèbrent encore sa fête à travers des messes et des veillées de prière. Au XVIIIe siècle, une coutume populaire en Bretagne consistait à placer une médaille de Sainte Martine sous l’oreiller des enfants malades en espérant leur guérison. Dans certains foyers de la région lyonnaise, une statuette de Sainte Martine était placée près de l’âtre en hiver, croyant qu’elle éloignerait les maladies saisonnières.

Reconnaissance officielle de Sainte Martine

En 1634, lors de travaux de restauration de l’église Saint-Luc-et-Sainte-Martine à Rome, commandés par le pape Urbain VIII, ses reliques furent découvertes sous l’autel. En 1635, Urbain VIII ordonna la reconstruction complète de l'église et fit graver une inscription en l'honneur de la sainte sur la façade. Il composa lui-même des hymnes en son honneur, dont Martinae Virginis, une initiative rare pour un pape, et insista pour que sa fête soit officiellement fixée au 30 janvier dans le calendrier liturgique. Cette reconnaissance entraîna la diffusion de son culte en Italie et en France, où plusieurs paroisses furent placées sous son patronage, notamment à Saint-Martin-d'Abbat et à Bussy-Saint-Martin.

Sainte Martine dans l'art et la littérature

En peinture, le chef-d'œuvre de Pietro da Cortona, La Glorification de Sainte Martine, réalisé en 1640, est exposé dans l’église Saint-Luc-et-Sainte-Martine à Rome. Ce tableau représente la sainte montant au ciel, entourée d’anges, symbolisant son triomphe après le martyre. Une autre œuvre importante est le retable de Giovan Francesco Romanelli, commandé par Urbain VIII pour la même église, illustrant le moment de son supplice. Au XIXe siècle, l’abbé Léon Pétin publia Vie de Sainte Martine, vierge et martyre romaine, où il décrit avec précision les tortures qu’elle aurait subies, comme l’exposition aux fauves et la flagellation. En France, l’écrivain Félix Dupanloup mentionne son culte dans ses écrits sur les saints protecteurs de Rome.